La revue Amnis, consacrée à l’étude des sociétés et cultures contemporaines Europe-Amérique, publie en octobre 2022 un article d’Aurélien Portelli, enseignant-chercheur à Mines Paris et responsable du MS ERC, intitulé « L’empire de l’imaginaire : la fin du monde et son rapport à l’histoire dans l’œuvre de Lucian Boia ». Cet article montre en quoi le récit de l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle, auquel adhèrent les collapsologues, s’inscrit dans l’histoire de l’imaginaire, telle que décryptée par l’historien roumain Lucian Boia.
Résumé de l’article : L’imaginaire de la fin du monde est l’une des principales clés de compréhension de l’œuvre de Lucian Boia. Pour cet historien, les récits de la fin du monde renvoient, par-delà leurs différences patentes, aux mêmes structures archétypales, qu’il associe essentiellement aux imaginaires de la divination et de l’évasion. Apparue en France en 2015, la collapsologie fait écho aux prophéties de malheur qui se succèdent depuis des millénaires pour annoncer la fin du monde. L’ampleur et la réalité des menaces relevées par les théoriciens de l’effondrement tendent néanmoins à disqualifier l’analogie entre leur prédiction et les mythes de la fin du monde relevant de croyances religieuses ou de scénarios de science-fiction. De ce point de vue, toutes les fins du monde ne pourraient se valoir. Cet argumentaire ne permet cependant pas d’écarter aussi vite ce que le récit de l’effondrement doit à l’histoire de l’imaginaire et à ses structures. Le cadre théorique de Boia, loin d’être invalidé par le discours des collapsologues, permet au contraire de donner à leur prédiction une profondeur historique, en la resituant dans une généalogie des mythes de la fin du monde et en la reliant à des imaginaires de crise qui se jouent à diverses échelles du temps.
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