La Recherche publie dans son numéro de février 2019 un article d’Aurélien Portelli et de Franck Guarnieri intitulé « Les arts visuels au service de l’électricité… et du nucléaire ». Cet article évoque Des atomes et l’électricité (1975) et Voyage en électricité (1981), deux séries animées commandées par les entreprises EDF et SODEL à Jacques Rouxel, le père des Shadoks.
Les épisodes donnent à voir une science joyeuse, dont les applications industrielles façonnent un monde où s’agitent toutes sortes de figures anthropomorphes, comme l’atome d’uranium, la centrale électrique, ou le disjoncteur. Rouxel truffe les épisodes de touches d’humour, en multipliant les jeux de mots, les situations absurdes ou les références aux Shadoks
Réalisé durant la réalisation du programme nucléaire français, Des atomes et l’électricité s’inscrit dans une stratégie d’apaisement du public. Le narrateur précise d’une part que la radioactivité artificielle n’est pas contre-nature, et d’autre part que les hommes ont appris à contenir les risques radioactifs par l’édification de protections et la surveillance des effluents gazeux, tandis que des systèmes de sécurité empêchent les réacteurs de s’emballer.
Par-delà leur fonction éducative, les deux séries représentent une époque marquée par le triomphe du consumérisme électrique. Voyage en électricité est peuplé d’une multitude d’objets électroménagers, tandis que les personnages sont confinés dans des maisons à peine plus grandes qu’eux, comme pour souligner l’étroitesse de leur monde. L’auteur semble ainsi capter l’imaginaire lié à la généralisation du confort domestique et aux effets de la « privatisation des individus » (Castoriadis, La montée de l’insignifiance, 1996).
Illustration : comment faire cuire un mammouth sans électricité ? Jacques Rouxel, Des atomes et l’électricité, épisode n°1, « Faire tourner la roue », 1975.