Aurélien Portelli, Sébastien Travadel, Franck Guarnieri et Claire Parizel viennent de publier un article dans La Recherche sur une œuvre de Jacques Castan, dessinateur au service de radioprotection du centre CEA Marcoule.
Ce centre est l’un des premiers piliers de l’histoire de l’industrie nucléaire française. La pile G1 est mise en service en 1956, bientôt suivie de G2 et G3, sans oublier UP1, l’usine d’extraction du plutonium. Mais les quantités croissantes de matière radioactive représentent une menace pour la santé du personnel, qu’il s’agit de protéger. Cette mission est assurée par le Service de Protection contre les Radiations (SPR), qui compte parmi ses membres Jacques Castan, un dessinateur-projeteur de talent. L’artiste multiplie dans ses œuvres les références au sacré, au western, à la science-fiction, au roman national, à la bande dessinée, au conte merveilleux ou aux Sixties. En quelques années, il crée un monde iconique singulier, qui apporte une identité propre au métier de radioprotectionniste.
Castan réalise ainsi, de 1959 à 1968, des brochures techniques, des affiches préventives, une bande dessinée sur Marcoule et un jeu de l’oie sur les risques radioactifs. A ces productions s’ajoute une peinture murale, réalisée en 1962 dans la cage d’escalier du bâtiment SPR. L’œuvre, divisée en trois parties, est dédiée aux missions des radioprotectionnistes.
En montrant la protection des hommes et de l’environnement, la peinture apaise le spectateur. Elle lui dit que les risques sont maîtrisés. L’œuvre, par la sérénité qui s’en dégage, fait du nucléaire une industrie socialement désirable. En ce sens, elle sert pleinement les ambitions du CEA, qui soutient l’essor de la filière pour garantir le développement économique et l’indépendance énergétique de la France.
En même temps qu’elle rassure, l’image donne de la visibilité à un métier qui consiste à traquer l’invisible. Le SPR n’invente pas la radioprotection, mais il la rationalise, l’industrialise, allant à tâtons, tirant leçons des incidents. Castan, en fin observateur des ingénieurs du SPR, se saisit d’un imaginaire en pleine gestation.
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Crédit de l’illustration : CEA / J. CASTAN