Le projet FOHEN (Facteurs Organisationnels et Humains pour l’Evaluation des Méthodes END), financé par l’ANR (durée 36 mois), réunit des acteurs majeurs du contrôle non-destructif (CND) autour d’un travail de recherche sur les facteurs humains et organisationnels influençant l’interprétation de ces mesures, essentielles à la sûreté de systèmes aussi variés que les centrales nucléaires, les raffineries ou les avions de ligne. Le CND (e.g. par ressuages, radiographies, ultrasons) permet de déterminer la qualité d’une pièce ou d’un assemblage soudé.
Si l’activité est simple à résumer, comme toujours, la réalité du « terrain » est autre : contrôles réalisés dans des endroits exigus, de nuit, en co-activité intense, dans des environnements hostiles (radioactifs ou chimiques), interprétations faisant l’objet de pressions temporelles, reposant sur la subjectivité humaine de l’interprète, etc. Le projet FOHEN voit s’associer le CEIDRE d’EDF, le CEA (Le LIST), Airbus, l’Institut de soudure et le CRC. Les missions principales du CRC sont la production d’une base de connaissances sur la sociologie du métier de contrôleur et la création d’une méthode d’évaluation de la probabilité d’erreur dans les phases d’interprétation des mesures.
Du 19 au 29 septembre 2017, la première phase terrain s’est déroulée dans un CNPE d’EDF. Elle a permis de collecter des données précieuses (issues de l’observation, de films et d’entretiens) sur un métier aussi complexe que méconnu. Les premières analyses laissent entrevoir la diversité des connaissances mobilisées par les contrôleurs (e.g. métallurgie, soudage, géométrie spatiale, défectologie), dans un contexte productif (l’arrêt de tranche) et organisationnel (sous-traitance, co-activité) particulier, avec de lourds enjeux (de sûreté si un défaut n’était pas détecté, économiques et de production si un artefact était considéré comme un défaut).
Une seconde campagne terrain sera menée par le CRC en octobre. Les données issues des terrains seront confrontées, lors de focus groupes, à plusieurs experts du métier en vue de modéliser l’activité et de déterminer une liste de « facteurs d’influence » de la performance humaine. Ces éléments seront ensuite intégrés dans l’approche MAPOD (Model Assisted Probability Of Detection) actuellement développée par le CEA.