Fukushima, huit ans après. The Conversation publie le 11 mars 2019 un article de Franck Guarnieri, Aurélien Portelli et Sébastien Travadel, intitulé Les cerisiers de Fukushima.
Cet article propose d’interroger la force signifiante de l’accident de Fukushima Daiichi en montrant la nécessité de considérer différentes temporalités pour saisir le sens de cet événement. Depuis mars 2011, la centrale nucléaire est le lieu d’une reconfiguration des rapports entre l’homme, la nature et la technologie. Au cœur d’un milieu artificialisé à l’extrême, un vestige végétal attend le visiteur : ce sont les cerisiers de Fukushima, que les décontamineurs n’ont pas coupés. Au Japon, le cerisier en fleurs constitue un polysème qui représente l’âme des Japonais et participe à l’imaginaire temporel d’une logique d’actualisation. Le maintien de ces cerisiers sur le site montre que les opérations de démantèlement s’inscrivent dans une temporalité spécifiquement japonaise. Dans la culture nippone, la catastrophe aboutit non pas à la fin du monde mais à une renaissance. A Daiichi, la technologie nucléaire a été détruite et il faut en produire une nouvelle pour assurer le démantèlement du site. En ce sens, l’âme du Japon doit s’actualiser non pas en restaurant un objet défaillant introduit dans les années cinquante par les Occidentaux, mais en fabriquant des technologies futuristes cette fois-ci d’origine japonaise, sur un site industriel destiné à être visité à terme.