Participation de Yoann Moreau au séminaire STSLab

Le 5 novembre 2018, à l’Université de Lausanne (UNIL), dans le cadre du séminaire STSLab, Yoann MOREAU a donné une conférence intitulée « Des catastrophes qui nous aident à penser les collaborations scientifiques ».
Résumé : Chaque discipline voit la catastrophe à sa porte, mais les événements qui font catastrophe se caractérisent précisément par un écrasement des échelles de temporalité et d’espace. Trois exemples. 1) Lors des accidents nucléaires l’infiniment petit occupe soudain toute l’attention, contraignant un grand nombre d’individus à vivre avec les radionucléides qui contaminent leurs habitats et leurs paysages, leurs rêves et leurs désirs. 2) À l’ère de l’Anthropocène, le passé contraint le futur à tel point qu’il ne semble laisser aucune marge de manœuvre à une actualité vaincue par l’inertie, réduisant le libre arbitre à un mot vague dont la portée semble surtout théorique. 3) Lors d’un tremblement de terre, signature de la vitalité de la Terre, l’échelle géologique s’immisce dans l’espace et la temporalité domestiques, rompant alors -et parfois tragiquement- la frontière entre l’intime et le terrestre, mêlant la chair et l’acier, l’humain et l’humus, le béton et l’édredon. L’effondrement des échelles de temps et d’espace que produisent les catastrophes, exigent que les chercheurs (tant en sciences et qu’en art) croisent leurs perspectives, leurs analyses et leurs sensations. À défaut, nous encourons le risque de produire des catastrophes en rompant nous-mêmes les relations entre les échelles de temps et d’espace, par exemple en abordant de manière séparée la matière et la vie, l’histoire et la géographie, les sciences et les arts.