La Recherche publie en mai 2018 un article rédigé par Aurélien Portelli, Sébastien Travadel et Franck Guarnieri sur les risques liés à l’Intelligence Artificielle à partir d’une analyse de 2001, l’odyssée de l’espace. 2018 marque le cinquantième anniversaire de la sortie au cinéma du film de Kubrick. Le 71e Festival de Cannes lui rendra d’ailleurs hommage en le projetant le 12 mai 2018 à partir d’une copie neuve tirée du négatif original, et en donnant carte blanche au réalisateur Christopher Nolan qui le discutera lors d’une master class.
Le film, coécrit avec le grand romancier Arthur C. Clarke, propose un cas d’affrontement mortel entre des astronautes et un supercalculateur capable de reproduire la plupart des activités du cerveau humain. Ce récit entre en résonance avec les craintes suscitées aujourd’hui par les développements récents et les promesses de l’intelligence artificielle. Au-delà d’une vision catastrophiste, Kubrick et Clarke offrent cependant une perspective originale sur la question. En effet, l’élimination de l’équipage ne procède pas de l’autonomisation du superordinateur Hal 9000, mais d’un « mauvais récit » que se raconte la machine. 2001 permet donc de concevoir les dangers de l’IA non en termes de domination technique mais de construction d’une identité narrative défaillante.
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Illustration : Poole et Bowman décident par précaution de déconnecter Hal 9000 – © Metro Goldwyn Mayer.