Dans le cadre de l’émission « De cause à effets, le magazine de l’environnement» de France culture, le doctorant du CRC Mathieu Gaulène a été invité en février 2019 à s’exprimer sur le désastre de Fukushima, aux côtés de l’ancien Premier ministre du Japon Naoto Kan. L’échange, mené par Aurélie Luneau, a porté sur l’accident lui-même, l’histoire de l’industrie nucléaire nippone et les incidents avant Fukushima, les conséquences sanitaires et sociales dans la région de Fukushima ainsi que sur l’actualité de la politique énergétique nippone, thèmes précédemment développés dans l’ouvrage de Mathieu Gaulène, Le nucléaire en Asie. Fukushima, et après ? (Ed. Picquier, 2016) Naoto Kan est revenu pour sa part sur les raisons qui l’ont conduit à se déclarer en faveur d’une sortie du nucléaire au Japon. Interrogé sur la politique énergétique française dans le cadre de la PPE, il s’est dit convaincu d’un arrêt total de toutes les centrales nucléaires dans le monde d’ici la fin du siècle, en raison des coûts économiques croissants.
L’échange a été l’occasion aussi de discuter du film Le couvercle du soleil de Futoshi Satô qui avait été projeté la veille en avant-première au Forum des images. Un film basé sur le livre de Naoto Kan, My nuclear nightmare (Cornell University Press, 2017), qui raconte l’accident de Fukushima vu des sous-sols de la résidence Premier ministre, en insistant sur la difficulté qu’avait le gouvernement à obtenir des informations de la part du siège de Tepco ou des régulateurs de l’Agence de sûreté nucléaire (NISA). Il rappelle certaines scènes aberrantes comme celle où le directeur de la NISA, Nobuaki Terasaka, interrogé par Naoto Kan se dit incapable de répondre aux questions sur l’accident en cours, en raison de sa formation d’économiste ou encore celle de l’explosion dans le bâtiment du réacteur 1 que le gouvernement apprend en allumant la télévision. Un autre point de vue sur les premières heures de l’accident à mettre en parallèle avec celui exprimé par le directeur de la centrale, feu Masao Yoshida, dans une audition traduite et commentée en français, Un récit de Fukushima. Le directeur parle (PUF, 2018).
Hors-antenne, Mathieu Gaulène a également pu s’entretenir avec Naoto Kan au sujet de Kiyoshi Kurokawa, l’ex-président de la Commission d’enquête du Parlement, qui concluait à un accident « Made in Japan ». L’ancien Premier ministre s’est dit en accord en partie avec cette conclusion, rappelant que les disfonctionnement propres à l’industrie nucléaire nippone existaient aussi dans d’autres industries du pays. Il a aussi expliqué qu’il s’intéressait désormais plus aux conséquences qu’aux causes de l’accident.
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