Le CRC partenaire d’un projet ANR sur les facteurs organisationnels et humains dans les contrôles non-destructifs

Un point commun, peu connu du grand public, entre les industries nucléaire, aéronautique, pétrolière mais aussi ferroviaire, navale ou automobile est d’avoir recours à des méthodes dites de Contrôles Non-Destructif (CND) pour vérifier la qualité et/ou l’usure en service de composants critiques pour la sécurité, sans avoir à les dégrader. Il existe de nombreux types de CND (e.g. émission acoustique, courants de Foucault, magnétoscopie, ressuage, ultrasons…), chacun ayant ses spécificités de mise en œuvre et permettant d’investiguer différents types de matériaux ou rechercher différents types de défauts.

La fiabilité des techniques de CND est évaluée par des simulations numériques considérant la variabilité des conditions de mises en œuvre et différents paramètres influant sur la réponse du système d’inspection, on parle d’approche MAPOD (Model-Assisted Probability Of Detection). Un des axes de progression de cette approche est l’intégration plus fine des Facteurs Organisationnels et Humains (FOH) dans les modèles. C’est l’objectif d’un projet ANR de 48 mois, débuté en octobre 2016 et baptisé FOEHN. Ce projet regroupe trois industriels utilisateurs de CND (Airbus Group, EDF-DI et l’Institut de Soudure), l’Institut LIST (CEA-Tech) et le CRC (MINES ParisTech, PSL).

Le projet FOEHN s’intéresse particulièrement aux CND radiologiques, technique consistant à placer une pièce à contrôler (souvent, la soudure de deux éléments) entre une source radioactive de rayonnements et un film photographique pour obtenir, après un temps d’exposition variable puis une phase de développement, un « radiogramme » (voir illustration). L’interprétation des radiogrammes permet de vérifier l’absence de défaut à la fabrication ou l’apparition de défauts de fatigue mécanique ou d’usure en exploitation. Cette phase d’interprétation, réalisée dans des conditions de travail éprouvantes, nécessite de la part des contrôleurs la mobilisation de nombreuses connaissances (procédé de soudage, processus industriel environnant la soudure examinée, géométrie spatiale, physique des matériaux, défectologie, etc.) et de processus cognitifs complexes (inférences). Justin Larouzée (CRC) a réalisé plusieurs campagnes d’observations et d’entretiens avec différents acteurs du CND (lors d’arrêts de tranches de CNPE d’EDF, avec des experts d’EDF-DI et à l’Institut de Soudure) afin de décrire et de modéliser l’activité d’interprétation d’un radiogramme puis d’identifier les principaux facteurs d’influence de activité fondamentale pour la qualité des CND et la sécurité des installations. Le CRC travaille enfin à produire une description sociologique du métier de contrôleur.

L’objectif final du projet FOEHN est d’obtenir un cadre formel permettant de mieux comprendre, modéliser et prédire l’influence des FOH sur les performances d’un contrôle et de proposer des outils méthodologiques pour intégrer ces éléments dans l’approche MAPOD (via le logiciel métier CIVA développé par l’Institut LIST du CEA-Tech).

Illustration : radiogramme d’une soudure bout-à-bout de deux tubes.