Le 4ème épisode de la série consacrée au projet TADI présentait la préparation opérationnelle à une mission terrain qui a eu lieu en juillet 2018 dans la filiale Pays-Bas (TEPNL) du groupe Total. Les épisodes 5 et 6 (à venir) présentent deux aspects de cette mission : les activités onshore et offshore.
TEPNL, dont le siège est situé à La Haye, exploite 22 plateformes situées entre 60 et 90 NM en mer du Nord pour une production d’environ 40 000 barils/jour (environ 1% de la production totale du groupe). Le champ exploité est en fin de vie, la production décline d’environ 15% par an et deux plateformes ont déjà été fermées en 2017. Cette situation impose à la filiale de s’adapter aux baisses de revenus, l’une des voies explorées depuis le milieu des années 1980 est la télé-opération. Ramener les personnels à terre permet de diminuer l’exposition aux risques et les coûts.
Chaque plateforme a une salle de contrôle « locale » qui n’est pas occupée en permanence (car elle est doublée à terre par une salle de contrôle déportée ou CCR pour Command and Control Room). Le nombre de personnes travaillant pour la filiale a été divisé par deux, impliquant de diversifier les compétences des opérateurs (multiskill) devenant producteurs et mainteneur. Parmi les évolutions significatives de culture et de technologie, nous nous intéressons à l’articulation du triptyque GENIUS, CCR & LOCAL. GENIUS est une équipe experte pluridisciplinaire de cinq personnes, capable de se mobiliser pour venir en appui de l’offshore ; complétée par une équipe d’intervention de 3 personnes (rapidement projetables en mer). L’équipe GENIUS s’occupe de planification, logistique, maintenance et de production. La CCR gère 15 plateformes en parallèle et s’intéresse essentiellement à la production (dimension trading), si une intervention sur l’installation est nécessaire, il faut que la décision soit prise localement, offshore.
Pendant une semaine, Justin Larouzée (CRC, MINES ParisTech), Marie Sibout (psychologue du travail) et Guy Boy (ESTIA) ont pu observer les personnels de TEPNL dans leurs activités et conduire des entretiens sur les effets de la télé-opération sur les décisions en lien avec la sûreté. Cette mission a dégagé des pistes de travail autour des questions de la confiance dans la technique, de la confiance entre l’offshore et l’onshore, de la définition des responsabilités et ses impacts sur les mécanismes de prise de décision et des impacts de la mise à distance des installations, du danger, sur la nature des émotions qui in fine est à relier aux mécanismes de décision (comme l’a récemment démontré Antonio Damasio). Ces axes de recherche, particulièrement riches, ont été confirmés durant cette semaine par une immersion dans « l’autre monde », celui de l’offshore, à l’occasion d’une visite à bord de la plateforme K5cc qui fera l’objet du prochain épisode…
Illustration : vue de la salle GENIUS dans les locaux de TEPNL (La Haye, Pays-Bas).