Sur les traces des premiers radioprotectionnistes de l’industrie nucléaire

Le Centre de recherche sur les Risques et les Crises (CRC) de MINES ParisTech mène depuis 2014 un projet de recherche sur l’histoire de la radioprotection dans l’industrie nucléaire. Dans le cadre de ce projet, Aurélien Portelli, historien au CRC, est amené à faire de fréquents séjours au CEA Marcoule pour étudier les archives du Service de Protection contre les Radiations (SPR) d’un centre qui a marqué l’histoire de la filière.

En effet, c’est sur le site de Marcoule, créé dans le département du Gard en 1955, que sont développés les premiers réacteurs français de dimension industrielle. Dès la mise en service des nouvelles installations  – les piles G1, G2, G3 et l’usine d’extraction du plutonium UP1 – le centre doit faire face à un enjeu majeur de sécurité : comment protéger l’ensemble des travailleurs confrontés à l’exposition aux matières radioactives ? Le SPR est spécifiquement chargé de cette mission de protection du personnel intervenant dans les réacteurs et laboratoires du centre pour contenir le risque d’exposition. Le SPR élabore progressivement une doctrine de radioprotection, déclinée en deux volets : d’une part la prévention technique, d’autre part la prévention psychologique.

Concernant la prévention technique, le SPR met au point un contrôle et une réglementation très stricts, qui passe par la classification des lieux de travail selon le niveau de risque radioactif, la mise en place de détecteurs fixes dans les locaux, les contrôles effectués par les radioprotectionnistes durant leurs rondes routinières, les équipements et détecteurs individuels distribués au personnel, le contrôle de la radioactivité des effluents rejetés par les installations pour assurer la protection des populations et de l’environnement.

Pour compléter cette prévention technique, le SPR met en œuvre un programme d’éducation en matière de risque radioactif, fondé sur des cycles de conférences illustrées par des diapositives et des films techniques, mais aussi sur des brochures et des affiches réalisées par Jacques Castan, dessinateur au SPR et artiste de talent.

Aurélien Portelli se charge ainsi, en collaboration avec Frédérick Lamare, archiviste du CEA Marcoule, de retracer l’histoire du SPR, en étudiant les difficultés que le SPR a pu rencontrer à ses débuts, les solutions techniques déployées pour protéger le personnel, mais aussi les rapports entretenus avec les services de radioprotection du centre de Saclay, qui ont édifié les bases de la radioprotection et du métier de radioprotectionniste au CEA.

Pour plus d’informations sur ce programme de recherche, contacter Aurélien Portelli.