Castan : la sécurité en images, CEA Marcoule 1959-1968

En 2014, le Centre de recherche sur les Risques et les Crises (CRC) lance un programme de recherche sur l’œuvre de Jacques Castan. Ce programme interdisciplinaire profite de la collaboration du CEA Marcoule, et en particulier de Frédérick Lamare, l’archiviste du centre.

Marcoule est créé dans le Gard dans le cadre de la politique française de développement de l’énergie nucléaire. La pile G1 diverge en 1956, G2 en 1958 et G3 en 1959. UP1, l’usine d’extraction du plutonium, entre en activité en 1958. A Marcoule, il s’agit non seulement de développer l’outil industriel, mais aussi de le faire en sécurité. Pour cela, le Service de protection contre les Radiations (SPR) est fondé en 1955. Les missions du SPR sont nombreuses. Il doit assurer la radioprotection des travailleurs, l’évacuation des résidus radioactifs, la décontamination des locaux et du matériel, la surveillance du milieu naturel.

Le SPR se charge également de l’éducation des agents en matière de risque radioactif. Des conférences destinées à sensibiliser le personnel d’exploitation sont organisées. Elles sont illustrées par des diapositives et des films techniques. Les travailleurs reçoivent aussi des brochures leur permettant de se familiariser avec les principes et les règlements de la radioprotection.

La mise en œuvre de ce programme profite des compétences de Jacques Castan (1929-2014), agent du CEA, dessinateur-projeteur et artiste de grand talent. A partir de 1959, il réalise des brochures, des affiches, une bande dessinée, une peinture murale et un jeu de l’oie sur les risques radioactifs. En 1968, il arrête de dessiner pour le SPR et devient animateur au service formation de Marcoule, avant d’en prendre la direction en 1974.

Castan puise son inspiration dans la culture classique et populaire. Il lit en particulier des ouvrages sur l’art, la religion et l’ésotérisme. Sur le terrain, Castan échange fréquemment avec les agents du SPR. Il observe le travail dans les ateliers et les laboratoires où il circule librement. Il s’imprègne du discours des ingénieurs, capte les réalités techniques, tente de traduire leur sens profond.

L’artiste dessine des célébrités (Serge Gainsbourg, Brigitte Bardot), des personnages issus de la littérature (Robinson Crusoé, Hansel et Gretel), du roman national (Vercingétorix), de la bande dessinée (Astérix) ou de la mythologie (le titan Atlas). Il fait également apparaitre des animaux, des objets anthropomorphes et des créatures fantastiques (dragon, diablotin, chimère). En quelques années, Castan façonne un monde iconique singulier, qui apporte une identité propre à la radioprotection.

Le programme mené par le CRC propose ainsi une lecture scientifique et originale de l’œuvre de Jacques Castan, qui a déjà fait l’objet de publications dans des revues à comité de lecture (Techniques&Culture, Cahiers de Narratologie), une revue de vulgarisation scientifique (La Recherche), une revue destinée aux préventeurs (Préventique), et une revue destinée aux professionnels du nucléaire (RGN). Ces publications sont répertoriées dans la liste suivante :

Pour plus d’informations sur ce programme de recherche, contacter Aurélien Portelli.

Illustration : Jacques Castan. Crédit : CEA Marcoule / J. Castan.